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mot, et que Napoléon III, empereur élu, souverain de fait et de droit, est légitime ? Si M. Berryer accorde cela, il a fait un pas immense dans le système de la Révolution : qui l’empêche alors de se rattacher, comme M. de La Rochejaquelein, au bonapartisme ? Si au contraire il rejette cette conclusion, qu’est-ce que son serment ?

Même argumentation à l’égard, de MM. Marie, J. Favre, Pelletan et consorts. On les croyait, bien des gens les supposent encore républicains. Cela veut dire à tout le moins que, si d’un côté M. Thiers et ses amis regardent la monarchie comme essentielle au Gouvernement, mais sans tenir à une dynastie spéciale, dont le choix dépend du suffrage populaire ; si, d’un autre côté, M. Berryer et le parti légitimiste soutiennent que cette monarchie doit avoir ses racines dans une sphère plus élevée que le suffrage universel, les républicains prétendent, quant à eux, que l’élément monarchique est inutile, voire même nuisible ; que le véritable prince est l’assemblée même des représentants, tout au plus un chef révocable, nommé par elle ou élu par le peuple. Suppression de la royauté et de la dynastie : voilà ce qui distingue les républicains. Je veux, pour un moment, qu’aux termes des constitutions et selon l’esprit de la légalité démocratique, ils puissent aller, sans manquer à leurs principes, jusqu’à reconnaître Napoléon III comme souverain de fait et de droit, et, par cette interprétation large de leur serment, se croire en règle avec le Pouvoir et avec l’opinion. Il restera toujours ceci : tandis que M. Thiers met pour condition à son ralliement la substitution de la Charte de 1830 à celle de 1852, eux veulent revenir à la Constitution de 1848 ; en autres termes,