le genou devant aucune idole, parce qu’ils méprisent encore plus les hommes que les dieux ! Pour ces sophistes, rien d’inconciliable, rien de contradictoire, rien d’incompatible, rien qui répugne. Ils ont des conciliations, des accommodements, des justifications pour tout. Qu’il s’agisse de la Constitution de 1848 ou de celle de 1852, des commissions militaires ou du jury, de la loi de sûreté générale ou de l’haheas corpus, du devoir civique ou de la féauté dynastique : ils n’y voient pas de différence, ils ne s’aperçoivent pas de la transition. C’est ainsi que nous les avons vus prendre gaîment leur parti du serment exigé par la Constitution de 1852 pour l’élection au Corps législatif, et quand la Démocratie républicaine hésitait devant cet hommage impérial, la pousser, par l’emportement de la passion, à commettre ce que dans le calme de la raison elle avait regardé d’abord comme une félonie.
Plus d’une fois, depuis trois ans, j’ai eu l’occasion de traiter cette grave question du serment qui résume toute la morale politique, et chaque fois mes observations sont restées sans réponse. Je veux y revenir encore, certain d’avance que moins que jamais l’on me répondra. Mais je tiens à démontrer, à propos du serment, d’abord, que notre malheureuse nation ne sait décidément plus ce qu’elle fait ni où elle va ; en second lieu, qu’il est incompatible avec la foi démocratique et sociale, pour ne pas dire avec la conscience moderne.
Avant 89, sous le régime qu’avec plus ou moins de raison l’on avait qualifié de droit divin, le serment était prêté individuellement au roi. Dans cette condition, il n’y avait du moins pas d’équivoque. Le roi, c’était d’abord un