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jet de tant d’espérances, prévu par la royauté, promis par la république, réclamé à la fois par l’agriculture et l’industrie, par les villes, et les campagnes ? Non, l’Empire est resté, en face de cette création nationale, impuissant, et l’on peut le défier de soulever un pareil fardeau.

Est-ce donc que la Démocratie ouvrière, avec ses petites et pauvres associations, avec ses souscriptions à cinq centimes par semaine, avec ses moyens ordinaires de persuasion et de propagande, s’imaginerait pouvoir accomplir un de ces vastes mouvements qui régénèrent les sociétés et changent en quelques années la face du globe ? Elle ne parviendrait seulement pas à organiser un système général d’assurances et à remplacer la prime fixe par la mutualité. Que serait-ce s’il lui fallait sérieusement faire concurrence à la Banque de France, au Crédit Mobilier, au Comptoir d’escompte, à toutes ces agglomérations financières dont le capital, espèces, se compte par milliards ?

Est-ce que, sur une démonstration théorique prouvant au pays qu’il a tout intérêt à payer le loyer de l’argent à demi pour cent au lieu de huit, les compagnies financières iront se convertir à la mutualité ? Et les compagnies de chemins de fer se dessaisiront-elles de leurs tarifs ? Et les rentiers, dont la créance s’élève maintenant à dix milliards, consentiront-ils des conversions ? Et le commerce entrera-t-il, sans autre invitation, dans les voies de la garantie et du bon marché ? Et les ouvriers, dont l’indigence réclame de tous côtés une hausse de salaire, donneront-ils l’exemple, en offrant, sur l’espoir de réductions proportionnelles sur les subsistances et les logements, de travailler davantage