Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/230

Cette page a été validée par deux contributeurs.

transactions, ni dans les réflexions qu’elles font naître en lui, s’inquiéter de l’équilibre des valeurs, du juste prix des marchandises, de la balance des services, du taux normal de l’intérêt ou du salaire : ce n’est pas lui qui donne dans ces chimères. Acheter, s’il peut, trois francs ce qui en vaut six ; vendre six francs ce qui en vaut trois, et cela en dépit de la connaissance personnelle qu’il a de la situation et des choses, en dépit du dommage que peut éprouver le prochain : voilà sa maxime commerciale, et il la professe sans vergogne. Dites-lui après cela que ses rentes, ses intérêts, ses bénéfices, tout ce profit qu’il serait aisé, en changeant de pratique, de légitimer, dans une suffisante mesure, mais qu’il préfère tirer, lui, par une guerre de ruses, d’embuscades, de surprises, du monopole que lui assurent la supériorité de ses capitaux et les ambages de son commerce ; dites-lui que tout cela est de la déloyauté, il se fâche, et c’est ce qui sauve son honorabilité. Au moins il est convaincu que les actes, plus ou moins scabreux, auxquels il se livre tous les jours, du matin au soir, ayant leur nécessité ont leur légitimité ; qu’il n’y a par conséquent escroquerie ni vol, sauf dans les cas définis par le Code.

Que dites-vous après cela de ces exhibitions académiques, où l’on décerne prix sur prix aux jeunes écrivains qui se signalent dans la guerre contre le socialisme, en justifiant des doctrines immondes ; de ces conférences, de ces cours, où l’on affecte de venger la propriété outragée ; de ces missions malthusiennes, où l’on se vante de poser les rapports entre une économie politique de mangeurs d’hommes, et les principes éternels de la justice et de la morale ? Parce qu’on dispose des chaires, des fauteuils, des concours, des