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à conserver à l’État sa forme monarchique, centralisatrice et unitaire : seulement elle eut soin de prendre vis-à-vis du prince ses sûretés, ce que l’on nomma Charte constitutionnelle. Au fond, c’était par la bourgeoisie et pour la bourgeoisie que fonctionnait l’administration, par la bourgeoisie et pour la bourgeoisie que se percevait l’impôt, par la bourgeoisie et pour la bourgeoisie que régnait le roi.

Toute justice émanait d’elle ; le gouvernement du roi était son gouvernement ; elle entendait avoir seule le droit de faire la guerre et la paix, de même que la hausse et la baisse ; et si parfois elle eut à réprimer les velléités politiques de la Couronne, on put juger qu’elle n’était pas longtemps à faire son deuil d’une dynastie.

Cependant à ce système de centralisation politique il fallait, selon les règles de l’équilibre, un contre-poids. Ce n’était pas assez d’avoir limité, circonscrit, balancé la puissance royale, de l’avoir subordonnée à une majorité parlementaire, soumise au contre-seing de ses propres ministres : il fallait encore mettre un frein, une limite à cet immense organisme qui s’appelle le Gouvernement, si l’on ne voulait tôt ou tard être englouti par le monstre. On s’était mis en garde contre la prérogative de la Couronne : qu’était-ce que cette prérogative, purement personnelle, auprès de la puissance évolutive, absorbante, du système ?…

C’est ici que se révèle, dans sa naïveté, le génie bourgeois.

À cette force incommensurable de centralisation l’on donna donc divers contre-poids. Ce furent, en premier lieu, l’organisation du pouvoir lui-même, d’après le principe économique de la division du travail ou séparation indus-