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Voilà à quoi il faut d’abord répondre, avant de porter un jugement sur la valeur comparative des États à centralisation, et des confédérés. Et c’est précisément à quoi je réponds, conformément aux principes posés au chapitre précédent, savoir, que la Vérité et le Droit sont les seules bases de l’ordre, hors lesquelles toute centralisation devient absorbante, et toute fédération hypocrite :

Ce qui fait que les États, unitaires et fédérés, sont sujets à décomposition et ruine, c’est que, chez les premiers, la société est destituée de toute espèce de garantie, politique et économique ; et que, chez les autres, en supposant le Pouvoir aussi parfaitement constitué qu’on voudra, la même société n’a eu jusqu’à présent que des garanties politiques ; elle n’en a jamais offert d’économiques. Ni en Suisse, ni aux États-Unis, nous ne trouvons la mutualité organisée : or, sans une série d’institutions mutuellistes, sans droit économique, la forme politique reste impuissante, le gouvernement est toujours précaire, un sépulcre blanchi, disait saint Paul.

Que reste-t-il donc à faire pour mettre les confédérations à l’abri de toute dissolution, en même temps que l’on en maintiendrait le principe ainsi défini : Faculté pour toute ville, territoire, province, population agglomérée, en un mot pour tout État, d’entrer dans la confédération et d’en sortir, ad libitum ?

Remarquez que jamais semblable condition n’a été offerte à des hommes libres ; jamais pareil problème n’a été soulevé par aucun publiciste. De Bonald et Jean-Jacques, l’homme du droit divin et l’homme de la démagogie, sont d’accord pour déclarer, à la suite de Jésus-Christ, que