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but de la Providence avait été de les châtier, par des siècles de torture, de leurs fantaisies fédérales.

Ainsi j’aurais à faire voir que l’histoire tout entière n’est qu’une suite de composition et de décomposition ; qu’aux pluralités ou fédérations succèdent sans cesse les agglomérations, et aux agglomérations les dissolutions ; qu’à l’Empire grec d’Alexandre, établi sur l’Europe et l’Asie, succéda bientôt le partage de ses généraux, véritable retour aux nationalités, comme nous disons aujourd’hui ; qu’à ce mouvement nationaliste succéda ensuite la grande unité romaine, remplacée au cinquième siècle par les fédérations germaniques et italiennes ; que nous avons vu naguère l’empire d’Autriche se faire d’absolutiste fédéraliste, pendant que l’Italie passait de la fédération au royaume ; que si le premier Empire, avec ses cent trente-deux départements, ses grands fiefs et ses alliances n’a pu tenir devant la confédération européenne, le second Empire, bien plus fortement centralisé, quoique beaucoup moins étendu que l’autre, est travaillé par un esprit de liberté bien autrement impérieux dans les collectivités provinciales et communales, que dans les individualités elles-mêmes.

Voilà ce que j’eusse aimé à développer encore, et que je me contenterai de rappeler ici, pour mémoire.

Telle est donc l’énigme que nous avons à résoudre ; elle intéresse la centralisation autant que la fédération elle-même.

1. Qu’est-ce qui fait que les États unitaires, monarchiques, aristocratiques ou républicains, tournent constamment à la décomposition ?

2. Et qu’est-ce qui fait en même temps que les fédérations tendent à se résoudre dans l’Unité ?