sans un extrême péril, admettre une confédération nouvelle, plus ou moins hostile ; et en cédant à la nécessité, en appuyant son droit sur l’argument de la force, elle affirme, au nom et sous les insignes de sa confédération prétendue, la proéminence du principe d’unité. — À l’heure où j’écris, et certes avec une bien moindre excuse que les libéraux suisses de 1846, puisque la liberté américaine ne court aucun risque, les États-Unis du Nord prétendent aussi retenir dans l’Union, par la force, les États-Unis du Sud, les appelant traîtres et rebelles, ni plus ni moins que si l’ancienne Union était une monarchie et M. Lincoln un empereur. Il est clair cependant que de deux choses l’une : Ou le mot de confédération a un sens, par lequel les fondateurs de l’Union ont voulu la distinguer nettement de tout autre système politique : dans ce cas, et abstraction faite de la question d’esclavage, la guerre faite au Sud par le Nord est injuste ; ou bien, sous apparence de confédération, et en attendant l’heure favorable, l’on a poursuivi secrètement la formation d’un grand empire : dans ce cas les Américains feront bien de rayer à l’avenir de leurs plateformes les mots de liberté politique, de république, de démocratie, de confédération et même d’Union. Déjà l’on commence à nier de l’autre côté de l’Atlantique le droit des États, ce qui signifie le principe fédératif, signe non équivoque de la prochaine transformation de l’Union. Ce qui est plus étrange encore, c’est que la démocratie européenne applaudit à cette exécution, comme si ce n’était pas l’abjuration de son principe et la ruine de ses espérances.
Résumons-nous : Une révolution sociale, dans le sens de la mutualité, est une chimère, parce que, dans cette société,