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chère, telle à peu près que nous l’avons eue de 1814 à 1848. Hors de là, l’Opposition légale n’a pas de signification politique.

Paris donc, gardien vigilant des libertés de la nation, s’était levé à l’appel de ses orateurs, et avait répondu par un non des plus secs aux sollicitations du Gouvernement. Les candidats indépendants avaient obtenu une majorité formidable. La liste démocratique avait passé tout entière ; on connaissait le résultat du scrutin. L’administration était vaincue : ses hommes étaient repoussés par 153,000 suffrages contre 82,000. Le Peuple, qui avait fait le coup, ruminait son succès ; la bourgeoisie était partagée : une partie se montrait inquiète, l’autre laissait éclater sa joie. — Quel coup ! disait l’un ; quel soufflet ! — C’est grave, ajoutait un autre, très-grave. Paris dans l’Opposition, l’Empire est sans capitale…

C’est ainsi que les partisans de l’Opposition légale expliquaient cette manifestation mystérieuse, et dès le soir du 1er juin s’en adjugeaient le bénéfice. Sans doute la pensée d’un retour aux institutions de Juillet, peut-être même quelque ferment de la constitution de 1848, existaient chez les votants : MM. Thiers et Garnier-Pagès, sortis du scrutin comme deux numéros de loterie, l’ont fait voir. Mais l’élection ne contenait-elle que cela ? C’est ce que nous examinerons plus loin.

Or, le 1er juin 1863, il y avait éclipse de lune. Le ciel était splendide, la soirée magnifique. La brise, amoureuse et légère, semblait prendre part aux émotions réparatrices, d’ailleurs inoffensives, de la terre. Tout Paris put suivre les phases du phénomène, qui, commencé à neuf heures cin-