Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Code, en montrent l’étroitesse d’esprit et la courte portée. Elles sont composées d’un nombre déterminé de personnes, à l’exclusion de tous étrangers ; ces personnes naturellement sont désignées par leurs noms, professions, résidences, qualités ; toutes fournissent un apport ; la société est formée dans un but spécial et pour un intérêt exclusif, et sa durée limitée. Rien en tout cela qui réponde aux grandes espérances que la Démocratie ouvrière a conçue de l’association : de quel droit se flatterait-elle de lui faire produire des résultats plus humains que ceux que nous voyons ? L’association est une chose qui se définit d’elle-même, et dont le caractère essentiel est la particularité. Peut-on faire qu’il n’y ait pas, les unes à côté des autres, séparées et distinctes, des associations de menuisiers, de maçons, de lampistes, de chapeliers, de tailleurs, de bottiers, etc., etc. ? Entre-t-il dans l’esprit de qui que ce soit que toutes ces associations se fondent les unes dans les autres et ne fassent qu’une seule et même société générale ? On peut hardiment défier la Démocratie ouvrière de se jeter dans un pareil gâchis ; que dis-je ? on peut défier, non-seulement les ouvriers, mais leurs conseils, l’Académie des sciences morales et politiques, le Corps législatif, l’École de droit en masse, de donner une formule d’association par laquelle s’uniraient, confondant leur action et leurs intérêts, deux groupes hétérogènes, tels que les maçons et les ébénistes. Donc, si les associations sont distinctes, de par la force des choses aussi, elles seront rivales ; leurs intérêts seront divergents ; il y aura des contradictions, des hostilités. Vous ne sortirez jamais de là.

Mais, me dira-t-on, n’avons-nous pas, pour accorder nos