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raire s’en procure au moyen des traites ou mandats qu’il tire sur ses clients débiteurs, et qu’il a soin de faire endosser encore par un autre négociant ou banquier, quelquefois par deux, ce qui fait trois et même quatre sûretés : 1o le débiteur, 2o le tireur, 3o l’endosseur ou les endosseurs, chacune de ces personnes étant responsable par corps et par biens. Dans les moments de crise, on a vu encore les négociants se procurer de l’argent sur dépôt de marchandises, représentant trois et quatre fois la somme versée. Or, il faut que la plèbe ouvrière le sache bien : ce n’est d’aucune de ces sûretés, sur lesquelles repose le crédit, que la mutualité peut les affranchir. Il s’agit de tout autre chose.

Nous avons dit plus haut que non-seulement le crédit ne s’accorde pas sur de simples promesses, mais sur des gages, réalités ou hypothèques ; que de plus c’est une opération intéressée, impliquant pour le prêteur rémunération ou bénéfice, véritable prime, analogue à celle de l’assurance, variant de 2, 3, 4 à 5, 6, 7, 8 et 9 p. 0/0 l’an, et qui a nom intérêt. À cet intérêt, les banquiers ajoutent une commission et autres menus frais qui souvent élèvent l’intérêt de 1 p. 0/0. C’est cet intérêt, avec les accessoires, qu’il s’agit de réduire au moyen de la mutualité, aussi bien pour les escomptes du commerce que pour les prêts sur hypothèque à l’agriculture et à l’industrie.

J’ai trop écrit, depuis dix-sept ans, sur cette matière du crédit mutuel, pour que je me croie obligé en ce moment d’entrer dans de longues explications ; quelques mots suffisent.

L’intérêt de l’argent, dont la loi du 3 septembre 1807 avait fixé le maximum à 6 p. 0/0 l’an en matière commer-