Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fession, vous dira cet ouvrier ; voici des certificats qui établissent ma moralité ; je désire me mettre à mon compte, et j’ai besoin de 3,000 fr. Pouvez-vous me les remettre ? Il tombera de son haut, si vous lui dites qu’en affaires, dans une banque mutuelle, comme dans toute autre, la règle est de ne se point fier à l’homme, mais au gage.

C’est aux gérants et directeurs des sociétés de crédit mutuel qu’il appartient de former, sous ce rapport, l’éducation du peuple. J’ai bien peur que déjà, par une complaisance intempestive, par la crainte mal fondée de manquer à leur programme, quelques-unes ne se soient prêtées à des avances imprudentes, et n’aient consenti des prêts aventurés. Il importe que les ouvriers soient ramenés aux vrais principes ; qu’ils soient bien convaincus qu’en matière de crédit, plus qu’en aucune autre, autre chose est la charité et autre chose le Droit ; qu’une société mutuelliste ne doit pas être confondue avec une société de secours ; en deux mots, que les affaires ne sont point œuvres de charité et de philanthropie. Ce n’est que rarement, et avec la plus grande circonspection, que les sociétés ouvrières doivent se permettre le crédit personnel, qui serait dans la rigueur du terme le vrai crédit, à peine de dégénérer bientôt en fondations charitables, de se voir bientôt ruinées par le favoritisme, les billets de complaisance, les garanties morales, et de se déshonorer.

Qu’est-ce donc que nous appellerons crédit mutuel ?

Les opérations de crédit se divisent en deux grandes catégories ; 1o escompte des valeurs de commerce ; 2o avances de capital à l’agriculture et à l’industrie.

Chacune de ces opérations implique un gage positif, une hypothèque réelle. Ainsi le négociant qui a besoin de numé-