Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.

truction, l’entretien et la location des maisons, pourraient se constituer, en concurrence avec les anciens propriétaires et dans l’intérêt de tous. Je laisse de côté le détail des réformes : il me suffit d’en avoir indiqué les principes et l’esprit.

Mais qui ne voit que, sans une manifestation éclatante de l’opinion publique, ce grand redressement restera à tout jamais une utopie ?



Chapitre XI.— Application de la mutualité au commerce de transports. — Rapports de droit économique entre les expéditeurs, commissionnaires, voituriers et réceptionnaires. — Chemins de fer et services publics.


On ne croirait jamais, si les faits de chaque jour n’étaient là pour nous en convaincre, avec quelle lenteur se forme la moralité humaine, avec quelle difficulté elle parvient à distinguer le juste de l’injuste. La condamnation du brigandage et du vol, par suite son interdiction et sa répression légale, ne remontent pas au-delà de trois mille ans. Mais on n’a guère compris jusqu’à présent sous ces mots de vol, brigandage, escroquerie, que les cas les plus violents et les plus grossiers de l’usurpation du bien d’autrui, ainsi qu’il est facile de s’en convaincre à la seule inspection des attentats à la propriété, dénombrés et définis dans le Code pénal. L’antique sagesse a eu beau nous proposer, dès le commencement, son adage mutuelliste : Fais aux autres ce que tu veux qui te soit fait ; ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas que l’on te fasse. Nous n’avons jamais vu dans cette haute prescription de droit qu’un conseil de charité,