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le public ne souffre pas d’une hausse exorbitante : c’est bien assez qu’il périsse de la disette. En bonne économie politique, pas plus qu’en bonne justice, on ne peut admettre que la détresse générale devienne pour quelques spéculateurs une source de fortune. — S’il y a abondance de blé, au contraire, le prix devra être diminué dans une proportion analogue, d’un côté afin que le prix des céréales, en s’avilissant, ne soit pas pour le laboureur une cause de déficit, comme on l’a vu tant de fois ; de l’autre afin que le public profite de cette bonne fortune, soit pour l’année courante, soit pour les années ultérieures ; l’excédant non consommé devant être porté à l’épargne. Dans les deux cas, on voit comment la production et la consommation, en se garantissant mutuellement, à juste prix, l’une le placement, l’autre l’achat du blé, se régulariseraient ; comment l’abondance et la rareté, en se répartissant sur la masse de population, au moyen d’une intelligente mercuriale et d’une bonne police économique, n’entraîneraient pour personne, ni exagération dans le bénéfice, ni excès dans le déficit ; ce serait un des plus beaux, des plus féconds résultats de la mutualité.

Mais il est évident qu’une institution aussi précieuse ne pourrait être le fait que de la volonté générale, et c’est justement contre cette volonté que, sous prétexte de gouvernementalisme, s’élèvent les libéraux de l’économie politique. Plutôt que de faire cesser une extorsion organisée, inattaquable, invincible à la protestation philosophique et à la justice privée, ils aiment mieux assister aux bacchanales du mercantilisme : la perfection est-elle donc de ce monde, et la liberté n’est-elle pas assez féconde pour payer ses orgies ?

La Bourse et la halle, les tribunaux et les marchés reten-