chacune de ses actions, chacun de ses moments paie l’autre.
Vous insistez, et vous dites : Quand on accorderait à chacun des individus dont la société se compose la même dignité morale, ils n’en sont pas moins, au point de vue des facultés, inégaux entre eux, et cela suffit pour ruiner la démocratie, aux lois de laquelle on prétend les soumettre.
Sans doute les individus, qui sont les organes de la société, sont inégaux en facultés, de même qu’ils sont égaux en dignité. Que faut-il en conclure ? Une seule chose : c’est que, tranquilles sur ce qui nous fait tous égaux, nous avons à prendre, autant qu’il est en nous, la mesure de nos inégalités.
Ainsi, réserve faite de la personnalité humaine, que nous déclarons inviolable, l’être moral mis à part, les choses de la conscience réservées, nous avons à étudier l’homme d’action, ou le travailleur, dans ses moyens et ses produits. Or, du premier coup d’œil nous découvrons ce fait important : c’est que, si les facultés humaines d’un sujet à l’autre sont inégales, les différences en plus et en moins ne vont pas à l’infini : elles restent dans des limites passablement restreintes. De même qu’en physique nous ne pouvons atteindre ni l’extrême chaud ni l’extrême froid et que nos mesures thermométriques oscillent à de faibles distances en deçà et au delà d’une moyenne fort improprement appelée zéro ; de même il est impossible d’assigner la limite négative ou superlative de l’intelligence et de la force, soit dans l’homme et les bêtes, soit dans le Créateur et le monde. Tout ce que nous pouvons, c’est, pour l’esprit par exemple, de marquer des degrés, nécessairement arbitraires, au