surveillant les patrons, les intimidant et les contraignant par une police occulte, irrésistible.
De leur côté les patrons ne sont point en reste avec les travailleurs : c’est la lutte du capital contre le salaire, lutte dans laquelle la victoire est assurée non aux gros bataillons, mais aux grosses bourses. Qui résistera le plus longtemps au chômage, de la caisse du maître ou de l’estomac de l’ouvrier ? À l’heure où j’écris ces lignes, la guerre est tellement vive en certaines parties de la Grande-Bretagne, que l’on craint que le libre-échange, imaginé pour le triomphe du capitalisme anglais, de la grande industrie anglaise, ne se tourne contre l’Angleterre, dont le peuple, l’organisme et l’outillage n’ont pas la souplesse qui les distingue dans notre pays de France.
Il faudrait pourtant sortir de peine, chercher remède à cette détresse ; que dit la science, je parle de la science officielle ? Rien : elle rabâche son éternelle loi de l’offre et de la demande ; loi menteuse, dans les termes où on la pose, loi immorale, propre seulement à assurer la victoire du fort contre le faible, de celui qui a contre celui qui n’a pas.
Et la mutualité, dont nous nous sommes servis déjà pour réformer l’assurance et faire une correction heureuse à la loi de l’offre et de la demande, ne peut-elle rien nous donner ? comment en faire l’application au travail et au salaire ?
Dans les pays boisés, lorsqu’à l’entrée de l’hiver il s’agit de procéder à la coupe des bois, les paysans se réunissent : tous ensemble vont à la forêt ; les uns abattent les arbres ; les autres font les fagots, merrains, etc., les enfants et les femmes ramassent les copeaux : puis, les lots faits, on tire