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pas trouvées ; c’était trop simple. Ces causes se réduisent à une seule : le droit économique partout violé. Le remède n’était pas plus difficile à découvrir : retour au droit économique par l’observation de la loi de mutualité. C’est sur quoi je ne me lasserai point d’appeler l’attention du lecteur, jusqu’à pleine et entière conviction.

Tout à l’heure, en parlant de l’assurance, nous avons cité la loi si souvent invoquée de l’offre et de la demande. À chaque pétition de réforme, l’économie conservatrice et malthusienne ne manque jamais d’opposer la loi suprême de l’offre et de la demande : c’est son grand cheval de bataille, son dernier mot. Essayons donc d’en faire la critique, et de prouver que tout n’est pas également respectable et infaillible dans cette fameuse loi.

On désigne par offre et demande le débat contradictoire qui a lieu entre deux particuliers, l’un vendeur, l’autre acheteur, sur le prix d’une marchandise, d’un service, d’un immeuble, ou de toute autre valeur.

L’économie politique enseigne, et elle démontre, que le prix exact d’un produit est une quantité indéterminable, variant de minute en minute ; conséquemment que ce prix, ne pouvant être arrêté, demeure plus ou moins arbitraire, que c’est une fiction, une convention.

Le vendeur dit : Ma marchandise vaut 6 fr., en conséquence je vous l’offre pour cette somme. — Non, répond l’acheteur : Votre marchandise ne vaut que 4 fr. : je la demande à ce prix : à vous de voir s’il vous convient de me la livrer.

Il se peut que les deux interlocuteurs soient de bonne foi ; dans ce cas, respectant leur propre déclaration, ils se sépa-