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LE COUPLE AU JARDIN

— Lis. Ce n’est vraiment pas mal.

Comment eût-il soupçonné la jalousie de Blanche ? N’était-elle pas l’élue, la seule aimée, la femme admirée et chérie entre toutes les femmes ?

Quant à elle, elle cachait pudiquement le trouble qui grandissait en son cœur. Mais Diane Horsel en avait quelque soupçon et il lui était doux d’inspirer un peu d’inquiétude à celle dont elle était si âprement jalouse. Ses quelques satisfactions de vanité, elle les payait de tant d’amertume ! Combien n’avait-elle pas dévoré de larmes de dépit, lorsque, le soir, dissimulée derrière un store, elle épiait la promenade du couple heureux ! Blanche et Nérée s’en allaient, la main dans la main, sous leurs beaux arbres. Quelquefois, elle les voyait rire comme des enfants joyeux ; ou bien, ralentissant le pas, leurs têtes rapprochées, ils causaient à voix basse.

Diane détestait aussi cette façon familière à Blanche de marcher, une main posée sur l’épaule de son mari. Cette main légère posée sur l’épaule solide exprimait à la fois une confiance et une prise de possession qui exaspéraient la jalousie. Lorsque Diane causait avec Galliane, elle essayait en vain de capter son regard qui s’évadait toujours au delà d’elle, à l’infini ; mais comme ce clair regard changeant devenait attentif lorsqu’il se fixait sur Blanche !

Une autre souffrance était de voir ces parents follement tendres s’enchanter des espiègleries et des caresses de Pomme. Ah ! cet enfant trop beau, trop charmant, trop choyé, pourquoi inspirait-il une telle amertume à la femme aux mains vides ?

Les jours où le bonheur des Galliane l’irritait d’une trop cuisante jalousie, Diane se tournait vers « l’er-