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LE COUPLE AU JARDIN

précisions sur l’état de santé de son père. Le praticien répondit :

— L’état de santé de mon ami est pleinement satisfaisant. Votre père est de constitution robuste, bâti pour durer cent ans ; le seul péril qu’il porte en lui est son extrême émotivité. Ce qu’il faut, c’est écarter de lui le souci et surtout lui épargner tout choc moral.

La jeune femme, toute pâle, demanda :

— Dites-moi la vérité entière. Je crois comprendre que mon père a le cœur malade ou affaibli.

— Aucune lésion, je vous l’affirme ; mais seulement quelques troubles fonctionnels. Entendez-moi bien sans me faire dire plus que je ne pense. Ellinor est un grand nerveux, d’une sensibilité excessive. Toute émotion pénible provoque quelques troubles dans le fonctionnement de son cœur ; des émotions répétées détermineraient fatalement des lésions véritables, en affaiblissant le myocarde ou en faisant perdre à l’aorte son élasticité. Voilà ce dont nous devons le défendre, et je compte sur votre vigilance.

Désormais, Blanche serait hantée de cette inquiétude, de cette menace.

Lorsque Marc Ellinor eut réintégré sa maison, sa fille continua de le voir presque chaque jour, surveillant de près sa santé.

Sur la demande du convalescent, elle lui amena Pomme. Le docteur Ellinor examina longuement l’enfant ; il l’examina en médecin, sans laisser voir l’émotion que sa fille devinait.

— C’est un très bel enfant, dit-il, solidement bâti et précocement développé.

Soulevant du doigt le petit menton, il ajouta :

— C’est une réplique exacte de son père.