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LE COUPLE AU JARDIN

— Viens donc, homme fossile, pauvre créature macrobite, viens réchauffer tes vieux os au soleil en t’appuyant sur ton oie — non dotée !

Cinq minutes plus tard, ils se promenaient en causant gaîment sous leurs palmiers et avaient oublié Mme Horsel.

Diane n’aimait pas les enfants ; mais jamais encore elle n’avait éprouvé l’agacement que lui causait l’enfant des Galliane, ce beau petit Pomme dont la présence éclairait tous les regards. La vue de Nérée caressant son fils ou le promenant en triomphe à travers le jardin lui était nettement insupportable. Elle ne cherchait pas à analyser l’amertume de ce dépit et se contentait de dire en haussant les épaules : « Ces gens sont ridicules avec leur moutard ! »

Lorsqu’il lui arrivait de rencontrer l’enfant entre ses parents, elle s’évertuait à le séduire par toutes sortes de gentillesses ; mais, fait exceptionnel, M. Pomme accueillait froidement ces démonstrations et observait un mutisme tout à fait inaccoutumé. Nérée en était un peu fâché et disait à sa femme :

— Je me demande pourquoi notre Pomme reste figé devant Mme Horsel. Il n’a pas encore l’âge de la timidité.

— Non ; mais les tout-petits sont peut-être doués d’un flair que nous avons perdu. Pomme doit sentir obscurément que Mme Horsel n’est pas un être de bonté.

— Tu la juges sévèrement.

— Il se peut… Mais que nous importe Mme Horsel ?