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LE COUPLE AU JARDIN


V

LA CONQUÉRANTE AUX MAINS VIDES


Éveillée tôt par un soleil éblouissant, Diane Horsel sortit pour une promenade matinale. Déjà, les ouvriers du domaine étaient penchés sur la généreuse terre rouge ; ils saluèrent de loin la promeneuse. Elle descendit d’un pas alerte l’avenue des palmiers, s’engagea sur l’étroite plage de l’Almanarre, déserte à cette heure. Diane aimait la solitude idéale qu’elle trouvait là, sur cette mince bande de sable, entre la mer et le grand miroir d’étain des salines. Pour marcher plus commodément, elle suivait, le long du rideau de tamaris qui borde les marais salants, un sentier indécis où des plantes au feuillage gris et aux petites fleurs pâles offrent aux pas un tapis élastique. La mer était unie comme un lac tranquille ; un seul petit bateau de pêcheur attardé regagnait lentement la côte.