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LE COUPLE AU JARDIN

que, et peut-être était-elle plus gracieuse que vraiment jolie. Grande, svelte et souple, sa démarche était une harmonie. Si elle avait les épaules un peu pointues, les bras trop grêles, sa chevelure était d’un blond précieux ; ses yeux bleu sombre, un peu brouillés de noir, ne devaient pas se laisser aisément oublier ; mais son charme le plus enviable était son teint d’une pâleur éclatante, comme translucide et nacré.

Le mari ? Diane, qui aimait les athlètes, l’avait jugé, au premier abord, peu étoffé. À peine plus grand que sa femme, mais fin, nerveux, racé ; une incontestable séduction se dégageait, moins de ses traits que de son regard, de son attitude, de sa voix. Il ressemblait moins à un marchand de primeurs qu’à un gentilhomme vivant sur ses terres.

En somme, le couple était d’une distinction inattendue dans cette grande demeure mi-bourgeoise, mi-paysanne.

Diane Horsel, accoutumée à fréquenter un monde où l’on sacrifie beaucoup au désir de paraître, s’étonnait de sentir, dans tous les détails de cette maison, une vie familiale large, aisée, élégante, absolument dédaigneuse de l’effet à produire. « L’atmosphère qu’on respire ici, songeait-elle, est celle de certains romans anglais du siècle dernier. Je n’imaginais pas qu’elle puisse se rencontrer encore dans la réalité. »

— J’aime, dit-elle, ce nom romain de Pomponiana. Sommes-nous réellement sur l’emplacement d’une cité latine ?

La physionomie du propriétaire s’anima :

— Madame, l’histoire de cette côte de l’Almanarre se perd dans la nuit des temps. Ce domaine où prospèrent de pacifiques cultures est un coin de terre