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LE COUPLE AU JARDIN

— Eh bien ! il saura désormais qu’un chat n’est pas un joujou et qu’il souffre. Soyons un peu logiques, Nérée : tu déclares à tout venant que ton fils, à vingt mois, est aussi développé qu’un enfant de trois ans ; mais, dès que je veux le corriger de ses petits défauts, ce n’est plus qu’un bébé inconscient !

— Ses défauts !… Les défauts d’un Pomme de vingt mois ! Ô censeur sévère ! laisse-moi te citer un auteur que tu aimes. David-Herbert Lawrence déclare formellement : « Il faut que les enfants tirent un peu la queue du chat. Il faut que les enfants volent quelquefois le sucre… »

— J’aime à lire Lawrence ; mais je ne lui aurais peut-être pas confié l’éducation de mon fils. Et, puisque tu sais cet auteur par cœur, je te rappelle cet autre passage : « Un derrière d’enfant est fait pour être fessé de temps à autre. »

Mme Galliane intervient en riant :

— Allez-vous vous chamailler jusqu’à demain ? Notre adorable petit Pomme va-t-il devenir une pomme de discorde ?

— Mère, vous allez encore vous liguer avec votre fils contre moi ! Comment pourrai-je élever convenablement notre petit homme entre une grand’mère idolâtre et un père d’une faiblesse insigne ? — sans parler de Fine et des ouvriers qui font les quatre volontés de ce marmot. Si Pomme a été un bébé modèle, qui n’a troublé ni la tranquillité de nos jours ni le sommeil de nos nuits, il m’a fallu pour cela batailler contre son père. Dès que l’enfant pleurait une minute dans son berceau, Nérée, en alarme, voulait le prendre dans son lit et le couver comme une mère poule !