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LE COUPLE AU JARDIN

Blanche, qui vient de monter légèrement l’escalier, s’est arrêtée un instant avant de pousser la porte.

— Mère, dit-elle en entrant, vous n’êtes pas raisonnable. Après cette journée fatigante, vous devriez dormir.

— Je disais mes prières, ma charmante.

— Il est trop tard.

— Vous pensez que le Bon Dieu est couché et qu’il ne m’écoute plus ? Eh bien, je vais me taire. Nos deux petits hommes sont-ils endormis ?

— Pomme dort depuis longtemps ; quant à Marc, il a obtenu, ce soir, un sursis exceptionnel : il a toujours tant de choses à dire à son grand-père !

— Et que fait notre Nérée ?

— Mon grand fou de Nérée, malgré mes objurgation, est allé prendre sa fille qui pleurait dans son berceau et la promène triomphalement sous les étoiles.

— Ma pauvre enfant, que vont devenir toutes vos belles théories de… — comment dites-vous ?

— De puériculture ? Eh bien ! maman, elles auront le sort de toutes les théories… Les principes de la puériculture sont une bonne chose ; mais c’est chose excellente aussi qu’un tout petit enfant soit promené sur les bras paternels. Lorsque je vois notre poupée tendrement pressée sur la poitrine de son père, j’imagine qu’au delà de la conscience, une mystérieuse osmose s’opère entre ce grand cœur d’homme et ce petit cœur à ses premiers battements ; et la vie entière de notre fille, peut-être, en restera marquée.

— Ce n’est pas impossible… J’aime bien cette idée. Et je crois que si un bébé a besoin d’un lait pur et d’hygiène, il ne lui est pas moins indispensable d’être couvé avec amour, choyé et caressé… Voyez-