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LE COUPLE AU JARDIN

mais nous saurons comprendre que votre destinée n’est pas ici.


Un peu avant minuit, Diane Horsel, qui gisait, anéantie, sur son balcon, vit l’automobile des Galliane descendre l’avenue des palmiers et prendre à bonne allure la route de Toulon.

— Demain à la même heure, c’est moi qui m’en irai, décida-t-elle. Que ne suis-je partie un mois plus tôt, en laissant ici un souvenir dont je n’aurais pas rougi !…

Cependant, Mme Galliane se penchait en souriant sur le petit Marc endormi. La vieille dame n’était pas encore remise de tant d’émotions : un mort qui ressuscite, enrichi d’un beau petit garçon !… Ce Claude Ellinor avait dû être une fameuse tête folle — comme tant de garçons trop séduisants — mais il était de bonne souche et le temps des folies était passé.

Elle appela tout bas :

— Fine ! Venez donc le voir dormir. Est-il joli !… Un peu pâlot ; mais nous y mettrons bon ordre. Nous allons le soigner et le gâter, hein ? Nous voilà avec deux enfants à chérir : quel bonheur dans notre vieille maison !

Le petit garçon dormait dans une paix, une confiance émouvantes. Avec l’instinct infaillible des enfants et des animaux, il avait senti que cette maison et ces trois cœurs seraient à son enfance le plus doux, le plus chaud refuge, le paradis enchanté dont le souvenir embaume toute la vie d’un homme.