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YVETTE PROST

ment, qu’il faut savoir trancher avec hardiesse un cas de conscience — comme l’avait osé Blanche.

— C’est surtout à ma mère que je pense, répondit-il. Je veux qu’elle connaisse le frère de ma femme, le père du petit garçon qui va partager notre vie.

Lorsqu’ils pénétrèrent tous les quatre dans la pénombre verte de la véranda, qui eût pu dire le plus ému ?

Mme Galliane était allée promener Pomme. Fine, électrisée par la vue du beau campeur soudain reparu, s’élança à toutes jambes vers le haut du domaine pour en ramener Madamo.

Au même instant, une apparition opportune surgissait au seuil de la véranda : Mme Horsel.

Parfaitement maître de lui, courtois et souriant, Nérée alla à sa rencontre.

— Madame, dit-il, je suis vraiment heureux de pouvoir vous présenter mon beau-frère, Claude Ellinor — un fantaisiste impénitent qui partage avec vous le goût des énigmes ténébreuses.

Ces mots — inintelligibles à Blanche et à son frère — avaient été bien accentués, quoique sur un ton de plaisanterie aimable.

Çlaude s’inclina sans comprendre. Diane, livide sous son fard, balbutiait péniblement :

— Enchantée, monsieur, enchantée…

Puis, tournant un regard éperdu vers la porte :

— Je suis confuse de troubler une réunion de famille… Je venais vous informer de mon prochain départ.

Et Nérée, plus souriant encore :

— Vous nous laisserez de longs regrets, madame ;