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LE COUPLE AU JARDIN

— Il n’y a rien, mon grand chéri. J’ai manqué le train et je suis lasse… rien de plus.

— Lasse !… Dieu sait tout ce que ce mot peut contenir !

Renonçant à sa sérénité de commande, il laissait voir une physionomie très sombre. Alors Blanche lui montra un visage clair et souriant :

— Ce qu’il peut contenir ? Je vais te le dire : de gros pieds brûlants d’avoir trotté dans des souliers à talons hauts, une tête et des reins endoloris par le roulement du car, une lourde envie de dormir. Voilà ?

Mal convaincu, il se dégagea doucement :

— Eh ! bien, couche-toi, dit-il, puisque tu en as tant besoin.


Mme Horsel était en proie à des difficultés d’argent grandissantes. Elle ne parvenait plus à placer sa « copie ». Son reportage sur l’Espagne en guerre lui avait réservé de graves mécomptes. Hélas ! les journalistes de talent, à la signature mieux cotée que la sienne, avaient été nombreux sur le front des armées et dans les villes dévastées.

Diane n’était vraiment pas heureuse. Était-ce donc son destin de se voir toujours sous-estimée, de ne recueillir que des résultats sans proportion avec son effort et sa valeur ?

Elle intriguait maintenant pour s’introduire dans l’équipe de rédaction d’un journal féminin : Élégances. Elle y proposait une rubrique humoristique.

Elle eut donc un mouvement de joie en recevant une convocation de la directrice d’Élégances, qui était venue prendre un repos de quelques jours à Toulon, dans sa villa du Mourillon.