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YVETTE PROST

— Ramillien, suivez-moi.

Et, lorsqu’ils furent tête à tête au bureau :

— Mon garçon, vous ne supposez pas que je me contenterai de vos explications de ce matin. Je vous ai laissé dire ; je vous ai laissé, comme il se devait, présenter des excuses à Mme Horsel. Maintenant, assez de fariboles, je veux la vérité.

Ramillien fut d’abord démonté ; puis, faisant peut-être appel, tout bas, à sa dignité d’homme, il leva un regard plus assuré :

— Monsieur, puisque l’affaire est réglée ainsi, pourquoi y revenir ?

— Elle n’est pas réglée entre vous et moi. J’exige de voir clair dans tout ce qui se passe chez moi. Expliquez-vous.

— Monsieur… je ne peux pas. Si je défaisais ce soir ce que j’ai fait ce matin, je serais un pauvre type.

Le ton de Galliane se fit moins impérieux :

— Voyons, Ramillien… je puis tout comprendre.

— Monsieur, d’ouvrier à patron, je ne peux rien vous dire ; mais si vous me permettiez de parler… d’homme à homme…

— Bien. Expliquez-vous.

— Voici : j’ai fait de mon mieux pour empêcher Carini de commettre les plus grosses sottises. Je ne sais pas si vous connaissez bien Carini : c’est un drôle d’animal… La dame de la petite villa, depuis qu’elle est ici, a fait tout ce qu’il fallait pour le chauffer à blanc. Cette dame a tort de jouer comme ça avec le feu ; ce sont des jeux qui peuvent finir mal. Mon Carini n’avait l’air de rien, avec sa figure en bois ; mais la Rita se faisait de la bile. Elle le connaît, elle, son drôle de pistolet… Il y a quelques jours, je ne sais