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LE COUPLE AU JARDIN

je l’ai prise pour Fine… (autre mensonge inadmissible). Vous savez ce qui peut passer par la tête d’un homme saoûl…

— Non, Ramillien, je n’en sais rien.

— En effet, faites excuses… Sans vouloir faire du mal à cette dame, que je prenais pour Fine, j’ai dirigé sur elle le jet d’arrosage. J’avais bu… Je ne raisonnais plus.

— Et Carini ?

— Carini était couché, monsieur ; il n’a rien vu.

Labarre, non plus… Que voulez-vous maintenant que je fasse ? Faut-il aller demander pardon à la dame ?

Nérée réfléchissait : tout cela n’était qu’un tissu de mensonges ; mais Mme Horsel était trop intelligente pour ne pas accepter cette version. On allait voir.

— Bien entendu, dit-il, vous ferez des excuses, et en ma présence.

Les excuses furent présentées avec toute la contrition désirable. — Ramillien n’hésitait pas à faire bonne mesure. Mme Horsel, aux premiers mots de l’ouvrier, avait semblé un peu déconcertée ; mais elle accepta sans objections l’état d’ébriété du coupable et la confusion de sa propre silhouette avec celle de Fine. Pleine de bonne grâce et d’indulgence, elle pria le maître du domaine de passer l’éponge sur cette gaminerie.

Pendant que se déroulait cette scène, Nérée suivait des yeux Carini qui passait au large, tenant Rouan par la bride et sifflant comme un merle.

Le patron n’avait pas été dupe des assurances de Ramillien ; mais il ne pouvait s’expliquer le rôle de son ouvrier. Il en avait été question pendant le repas