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YVETTE PROST

— Bonjour, Rita ; bonjour, Madeleine. Où donc est Claudine ?

Il était l’heure d’envoyer les marmousets à l’école : Claudine, la femme de Labarre, en avait cinq à préparer. Le patron passa.

Arrivé au sommet du mamelon, il se retourna et, comme il le faisait presque chaque jour, embrassa d’un long regard son patrimoine.

C’est un beau coin de terre que le domaine Pomponiana, situé sur l’antique côte de l’Almanarre à quelques kilomètres d’Hyères. Le portail s’ouvre sur une longue avenue ombragée de palmiers superbes et de mimosas. Séparée de la mer par la route de Toulon, la propriété est bordée, sur quatre cents mètres de façade, par une allée de hauts cyprès, dont le double rideau brise le vent marin. À droite et à gauche de l’avenue, s’étendent de vastes champs de vigne ; puis les cultures de primeurs étagées en gradins, admirablement irriguées. Des allées tracées harmonieusement en arcs de cercle conduisent à la grande villa occupée par les Galliane et à la petite villa haut perchée, inhabitée depuis plusieurs années.

Au cœur de l’hiver comme en plein triomphe printanier, le domaine offre aux yeux charmés ses fouillis de verdure et le flamboiement des géraniums écarlates ruisselant d’une centaine de vases de ciment qui jalonnent les allées. Ces grands vases éternellement fleuris prêtent à ces terres de culture l’élégance d’une résidence de luxe. Le propriétaire les compare en souriant aux vases de marbre qui ornent les jardins de Versailles.

Mais le sol de Pomponiana est plus chargé d’histoire que les jardins du grand Roi. Sous ces champs pacifi-