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LE COUPLE AU JARDIN

ne savons pas ce que Monsieur veut dire… Monsieur pourrait peut-être demander à Ramillien…

Un flux de paroles inutiles coulait sans arrêt pour suppléer au peu d’éloquence de Carini, muet et digne, dans le gracieux appareil d’une beauté virile arrachée brutalement à son repos.

Nérée, exaspéré, tourna les talons et se dirigea vers la maison de Ramillien. Mêmes ténèbres, même silence, et, après les objurgations irritées du patron, même apparition d’un homme en chemise et ahuri :

— Monsieur, je n’y comprends rien du tout. Je m’étais couché, éreinté, je dormais comme une marmotte, je n’ai rien entendu… Labarre et Carini pourraient peut-être vous renseigner…

— Merci. La comédie a suffisamment duré. Mais n’espérez pas en êtes quittes à si bon compte.

Il rentra chez lui, furieux. De toute évidence, il y avait là un coup monté. Non seulement les hommes avaient molesté Mme Horsel, mais ils se moquaient insolemment de leur patron, ce qui était presque inimaginable.

En rejoignant sa mère et sa femme, Nérée dit brièvement :

— Mes hommes viennent de me donner la comédie, mais ils me retrouveront demain. L’affaire s’éclaircira ou je les renvoie tous les trois.

Mme Galliane eut un geste de protestation.

— Mon petit, tu exagères. Renvoyer tout ton personnel pour une farce de mauvais goût !… On peut regretter la mésaventure de Mme Horsel ; mais il paraîtrait qu’elle l’a bien cherchée. Fine nous dit…

Le fils coupa, non sans brusquerie :

— Quoi ! mère, il te faut demander l’avis de Fine ?