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LE COUPLE AU JARDIN

— Tu n’es pas bien, ma petite fille chérie ; tu semblés t’anémier. Je vais demander le médecin.

Un médecin ? Tu n’y songes pas ! Quand je vois papa tous les jours !

— Ton père ne remarque-t-il pas ta pâleur ?

— Il connaît bien mon tempérament. Le changement de saison me déprime un peu… Ce n’est rien du tout.

— J’ai vu changer plusieurs fois les saisons depuis que nous sommes mariés et tu ne semblais pas en souffrir…

Mme Galliane avait dit à son fils :

— Ta femme se tue à courir ainsi tous les jours à Toulon. Est-ce tellement nécessaire ?

— Je suis de ton avis, mère. Blanche aurait besoin de repos. J’ajouterai égoïstement que je suis trop souvent privé de sa présence ; mais ce lui fut une si grande joie de retrouver son père, j’en ai été moi-même si heureux que je n’ose lui faire la moindre observation qui ressemblerait à un reproche.

Cependant, le jeune mari connaissait maintenant des heures de mélancolie, surtout le soir, lorsque Blanche était couchée et qu’il errait seul à travers les jardins.

« De si beaux soirs perdus pour elle ! perdus pour notre amour ! » soupirait-il.

Ses promenades solitaires étaient fréquemment abrégées par l’apparition d’une robe claire au tournant d’une allée. Mme Horsel, elle aussi, errait sous les arbres ou sur la plage déserte jusqu’à une heure avancée. Et Nérée ne voulait point la rencontrer.

Diane, dont l’observation aiguë ne cessait de fouiller la vie du ménage Galliane, avait depuis peu l’intuition de quelque imperceptible fêlure dans ce grand