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LE COUPLE AU JARDIN

« Le professeur Marchoux a daigné m’encourager ; plusieurs membres de l’International Leprosy Association m’ont accordé quelque intérêt et, muni de recommandations précieuses, je suis parti pour la léproserie de San-Juan, à Santiago de Chili, où l’on soigne les Indiens Auracans sur qui sévit la lèpre. Sous les ordres du professeur Borrego, je fais chaque jour de passionnantes observations et je travaille à ma thèse… »

Sentait-il chez celui qui l’écoutait la chaleur d’une sympathie compréhensive ? Il s’abandonnait à parler de ce qui était le grand intérêt de sa vie :

— Avez-vous quelque idée de cette lutte contre la lèpre ?

— Je suis un ignorantissime. Je crois qu’on traite ce terrible mal au moyen de l’iode et du mercure ?

— L’iode et le mercure sont insuffisants. Tous nos efforts se concentrent sur la mise au point d’un complexe de chaulmoogra et de cholestérol… Nous faisons en ce moment des recherches qui nous donnent d’immenses espérances… En somme, je mènerais là-bas une vie magnifique, n’était le tourment que me cause mon pauvre Moustique.

— Je vous vois mal dans une léproserie, sous le climat du Chili, avec cet enfant délicat.

— Il y était très mal. Toujours confié à des soins mercenaires. Le pauvre petiot a déjà bien roulé sa petite bosse… J’en ai le cœur crevé. Que voulez-vous ! Je l’aime… Je n’ai que ça à aimer.

L’émotion serrait Galliane à la gorge.

— Il me semble, dit-il, que puisque vous avez votre père, il ne pourrait rester insensible à la situation que vous me dépeignez. Tous les pères ont eu à pardonner à leurs fils quelques folies de jeunesse.