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LE COUPLE AU JARDIN

— Oui… il est fragile, le pauvre gosse, et le souci de sa santé me jette dans un grand embarras.

— Est-ce pour le soigner que vous êtes venu sur cette côte ? Il y a justement à Pomponiana un bel établissement hélio-marin pour enfants.

— Je sais ; mais il dépasse mes moyens. En réalité, ce n’est pas ce que je cherche. J’arrive du Chili où mon petit garçon ne peut s’acclimater. J’espérais le faire accepter à ma famille. Je me heurte à des empêchements imprévus… Je ne vois qu’une solution : confier l’enfant à une famille d’honnêtes paysans… Mais que d’aléas !

— Cela peut tout de même se trouver et, si vous le permettez, je vous aiderai dans vos recherches. Vous devez retourner au Chili ?

— Il le faut. Du moins pour une année eu deux. Une année ou deux que ce petit devra passer seul en France !

Nérée hésita avant de poser une question :

— Peut-être êtes-vous veuf ?

— Heu… non. Mon Moustique est… de mère inconnue. C’est mon petit à moi tout seul. J’avais vingt-trois ans et lui quinze jours lorsqu’on me l’apporta dans un carton à chapeau dont le couvercle était percé de trous d’aération — comme les boîtes où nous enfermions des hannetons, dans notre enfance.

« Une tête folle, pensait Galliane ; mais singulièrement sympathique. »

L’autre poursuivait :

— Quelle tuile sur la tête d’un étudiant en rupture d’école !

— Comment avez-vous fait ?

— Que sais-je ?… J’employais à payer les mois