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LE COUPLE AU JARDIN

Mme Galliane s’était précipitée vers l’armoire à pharmacie :

— Voici l’eau blanche et la teinture d’arnica ; mais nous avons mieux : ce liniment qui a si promptement soulagé Carini quand il est tombé de bicyclette.

— C’est cela que je vais emporter.

— Et voici de la gaze pour les compresses… Mais si j’allais avec toi ?

— Non, maman, ce jeune homme serait peut-être gêné. Je me tirerai d’affaire. Dînez sans m’attendre.

Avant de sortir, il embrassa Blanche :

— Ma pauvre sensitive, je t’ai sottement effrayée. Te voilà décomposée.

Sous la tente, Moustique dormait déjà, la tête entre ses deux petits poings, dans la pose familière à Pomme. Nérée se pencha en souriant sur le sac de couchage :

— La grande colère est apaisée. — Heureux âge !

— Monsieur, dit le père, je m’excuse encore de cet accès de frénésie. L’enfant a été malade ces temps derniers : il était déjà fort mal élevé… aujourd’hui, il n’est plus sortable.

Nérée ouvrait le paquet qu’il avait apporté. L’inconnu tendit la main vers le flacon, regarda l’étiquette :

— Excellent, dit-il. Dans quelques heures, cette préparation aura fait merveille.

— Vous la connaissez ?

— Comme toute la pharmacopée, — c’est mon rayon.

Galliane préparait les compresses avec zèle et sans trop de maladresse. Le patient remerciait et s’excusait encore avec beaucoup de grâce. C’était évidemment un homme d’excellente éducation. Le faisceau lumi-