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LE COUPLE AU JARDIN

que… Or, la femme de Georges, avant d’entrer chez lui comme secrétaire, avait été victime d’une déplorable erreur. Dans la grande maison de commerce où elle était employée, d’importants détournements d’argent se produisirent ; par suite de troublantes coïncidences, la jeune fille fut soupçonnée, accusée, arrêtée. Elle fit quelques jours de prison préventive avant qu’un hasard inespéré ne fît découvrir le coupable.

— C’est assez affreux ! murmura Blanche.

— Oui, madame ; et la pauvre enfant en avait tant souffert qu’elle se croyait presque flétrie par cette accusation injustifiée. Aussi, lorsqu’elle épousa Georges, elle ne put se résoudre à lui faire connaître ce triste épisode. Après dix-huit mois de mariage, Bard apprend inopinément la chose. En constatant que sa femme — qu’il avait toujours jugée transparente comme le cristal — avait pu lui cacher un événement de cette importance, il éprouva une telle stupéfaction que sa confiance en sa compagne s’en trouva ébranlée, ruinée. Il fut impossible à ce mari trop sentimental de surmonter sa déception ; et sa femme le sentit si vivement que, d’un commun accord, ils demandent le divorce.

— Cet homme est fou et criminel ! s’écria Mme Galliane. La malheureuse jeune femme sera donc deux fois châtiée pour une faute qu’elle n’a jamais commise ?

— Mère, fit pensivement Nérée, il ne faut pas déplacer la question. Ce que Georges Bard reproche à sa femme, c’est de lui avoir dérobé quelque chose de sa vie, c’est de l’avoir trompé sur la qualité de leur confiance mutuelle… Ou plutôt, je suppose qu’il ne lui fait aucun reproche ; mais il ne peut prendre