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Liturgique

perdue. Or, pour bien saisir tout cet ineffable mystère, il faut se rappeler que, comme nous ne pouvons être agréables à notre Père céleste, qu’autant qu’il voit en nous Jésus-Christ son Fils, ce Sauveur plein de bonté daigne venir en chacun de nous, et, si nous y voulons consentir, nous transformer en lui, en sorte que nous ne vivions plus de notre vie, mais de la sienne. Et tel est le but du Christianisme tout entier, de diviniser l’homme par Jésus-Christ : telle est la tâche sublime imposée à l’Église. Elle dit aux Fidèles avec saint Paul : Vous êtes mes petits enfants, car je vous donne une seconde naissance, afin que Jésus-Christ soit formé en vous[1].

Mais, de même que dans son apparition en ce monde, ce divin Sauveur s’est d’abord montré sous la forme d’un faible enfant, avant de parvenir à la plénitude de l’âge parfait, qui était nécessaire pour que rien ne manquât à son sacrifice, il tend à prendre en nous les mêmes développements. Or, c’est dans la fête de Noël qu’il aime à naître dans les âmes, et qu’il répand par toute son Église une grâce de Naissance, à laquelle, il est vrai, tous ne sont pas fidèles.

Car voici la situation des âmes à l’approche de cette ineffable solennité. Les unes, et c’est le petit nombre, vivent avec plénitude de la vie du Seigneur Jésus qui est en elles, et aspirent à chaque heure après l’accroissement de cette vie. Les autres, en plus grand nombre, sont vivantes, il est vrai, par la présence du Christ ; mais elles sont malades et languissantes, faute de

  1. Gal. iv. 19.