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L’avent

qui tarde à paraître. Elle gémit sur la montagne comme la tourterelle, jusqu’à ce que la voix se fasse entendue qui dira : Viens du Liban, mon Épouse ; viens pour être couronnée, car tu as blessé mon cœur[1].

Pendant l’Avent, l’Église suspend aussi, excepté aux Fêtes des Saints, l’usage du Cantique Angélique : Gloria in excelsis Deo, et in terra pax hominibus bonæ voluntatis. En effet, ce chant merveilleux ne s’est fait entendre qu’en Bethléem sur la crèche de l’enfant divin ; la langue des Anges n’est donc pas déliée encore ;la Vierge n’a pas déposé son divin fardeau ; il n’est pas temps de chanter, il n’est pas encore vrai de dire : Gloire à Dieu au plus haut des Cieux ! sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté !

De même, à la fin du Sacrifice, la voix du Diacre ne fait plus entendre ces paroles solennelles qui congédient l’assemblée des fidèles : Ite, Missa est. Il les remplace par cette exclamation ordinaire : Benedicamus Domino ; comme si l’Église craignait d’interrompre les prières du peuple, qui ne sauraient être trop prolongées en ces jours d’attente.

À l’Office de la Nuit, la sainte Église retranche aussi, dans les mêmes jours, l’Hymne de jubilation. Te Deum laudamus. C’est dans l’humilité qu’elle attend le bienfait souverain ; et durant cette attente, elle ne peut que demander, supplier, espérer. Mais à l’heure solennelle, quand au milieu des ombres les plus épaisses, le Soleil de justice viendra à se lever tout à coup, elle retrouvera sa voix d’action de grâces ; et le silence de

  1. Cant. iv. 8.