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Liturgique

teur dans la chair ; sauf la proposition, la situation est la même. En vain le Fils de Dieu serait-il venu, il y a dix-huit siècles, visiter et sauver le genre humain, s’il ne revenait pour chacun de nous, et à chaque moment de notre existence, apporter et fomenter cette vie de la grâce dont le principe n’est que de lui seul et de son divin Esprit.

Mais cette visite annuelle de l’Époux ne satisfait pas l’Église ; elle aspire après le troisième Avènement qui consommera toutes choses, en ouvrant les portes de l’éternité. Elle a recueilli cette dernière parole de l’Époux : Voilà que je viens tout à l’heure[1] ; et elle dit avec ardeur : Venez, Seigneur Jésus[2] ! Elle a hâte d’être délivrée des conditions du temps ; elle soupire après le complément du nombre des élus, pour voir paraître sur les nuées du ciel le signe de son libérateur et de son Époux. C’est donc jusque-là que s’étend la signification des vœux qu’elle a déposés dans la Liturgie de l’Avent ; telle est l’explication de la parole du disciple bien-aimé dans sa prophétie : Voici les noces de l’Agneau, et l’Épouse s’est préparée[3].

Mais ce jour de l’arrivée de l’Époux sera en même temps un jour terrible. La sainte Église souvent frémit à la seule pensée des formidables assises devant lesquelles comparaîtront tous les hommes. Elle appelle ce jour un jour de colère, duquel David et la Sibylle ont dit qu’il doit réduire le monde en cendres ; un jour de larmes et d’épouvante. Ce n’est pas cependant qu’elle

  1. Apoc. xxii. 20.
  2. Ibid.
  3. Ibid. xix. 7.