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Liturgique.

en 1281, paraît même n’y obliger que les moines. D’un autre côté, telle est la contusion sur cette matière, sans doute parce que les diverses Églises d’Occident n’ont jamais eu de discipline bien uniforme sur ce point, que, dans sa lettre à l’Évêque de Brague, Innocent III atteste que l’usage de jeûner pendant tout l’Avent se conservait à Rome de son temps, et que Durand, au même xiiie siècle, dans son Rational des divins Offices, témoigne pareillement que le jeûne était continuel en France durant tout le cours de cette sainte carrière.

Quoi qu’il en soit, cet usage tomba de plus en plus en désuétude, en sorte que tout ce que put faire, en 1362, le pape Urbain V pour en arrêter la chute complète, ce fut d’obliger tous les clercs de sa cour à garder l’abstinence de l’Avent, sans aucune mention du jeûne, et sans comprendre aucunement les autres clercs, et moins encore les laïques, sous cette loi. Saint Charles Borromée chercha aussi à ressusciter l’esprit, sinon la pratique des temps anciens, chez les peuples du Milanais. Dans son quatrième Concile, il enjoignit aux curés d’exhorter les fidèles à communier au moins tous les dimanches du Carême et de l’Avent, et adressa ensuite à ses diocésains eux-mêmes une lettre pastorale, dans laquelle, après leur avoir rappelé les dispositions avec lesquelles on doit célébrer ce saint temps, il faisait instance pour les engager à jeûner au moins les lundis, les mercredis et les vendredis de chaque semaine de l’Avent. Enfin Benoit XIV, encore Archevêque de Bologne, marchant sur de si glorieuses traces, a consacré sa onzième Institution Ecclésiastique