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L’avent

poindre d’une manière presque imperceptible, s’était accrue successivement jusqu’à devenir une loi sacrée, se relâcha insensiblement ; et les quarante jours de la Saint-Martin à Noël se trouvèrent réduits à quatre semaines. On a vu que la coutume de ce jeûne avait commencé en France ; mais de là elle s’était répandue en Angleterre, comme nous l’apprenons par l’Histoire du vénérable Bède ; en Italie, ainsi qu’il consiste d’un diplôme d’Astolphe, roi des Lombards, de l’an 753 ; en Allemagne, en Espagne, etc., comme on en peut voir les preuves dans le grand ouvrage de Dom Martène sur les anciens Rites de l’Église. Le premier indice que nous rencontrons de la réduction de l’Avent à quatre semaines se trouve être, dès le ixe siècle, la lettre de saint Nicolas 1er aux Bulgares. Le témoignage de Rathier de Vérone, d’Abbon de Fleury, tous deux auteurs du même siècle, sert aussi à prouver que dès lors il était grandement question de diminuer d’un tiers la durée du jeûne de l’Avent. Il est vrai que saint Pierre Damien, au xie siècle, suppose encore que le jeûne de l’Avent était de quarante jours, et que saint Louis, deux siècles après, l’observait encore en cette mesure ; mais peut-être ce saint roi le pratiquait-il ainsi par un mouvement de dévotion particulière.

La discipline des Églises de l’Occident, après s’être relâchée sur la durée du jeûne de l’Avent, se radoucit bientôt au point de transformer ce jeûne en une simple abstinence ; et encore trouve-t-on des Conciles dès le xiie siècle, tels que ceux de Sélingstadt, en 1422, et d’Avranches, en 1172, qui semblent n’astreindre que les clercs à cette abstinence. Le Concile de Salisbury,