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XVIII
Préface

qu’étant enfin complet, il s’évanouisse dans l'éternité, comme la Loi écrite tomba d’elle-même, au jour où l’invincible force du Sang de l’Agneau déchira en deux le voile du Temple.

Combien nous voudrions pouvoir raconter dignement les merveilles saintes de ce Calendrier mystique, dont l’autre n’est que la figure et l’humble support ! Que nous serions heureux de faire bien comprendre toute la gloire qui revient à l’auguste Trinité, au Sauveur, à Marie, aux Esprits bienheureux et aux Saints, de cette annuelle commémoration de tant de merveilles ! Si l’Église renouvelle chaque année sa jeunesse, comme l’Aigle[1], c’est parce que, au moyen du Cycle liturgique, elle est visitée par son Époux dans la proportion de ses besoins. Chaque année, elle le revoit enfant dans la crèche, jeûnant sur la montagne, s’offrant sur la croix, ressuscitant du sépulcre, remontant à la droite de son Père ; et les grâces de ces divins mystères se renouvellent tour à tour en elle, en sorte que, fécondé selon le besoin, le Jardin de délices envoie à l'Époux en tout temps, sous le souffle de l'Aquilon et de l'Auster, la délicieuse senteur de ses parfums[2]. Chaque année, l’Esprit de Dieu reprend possession de

  1. Psalm. cii.
  2. Cant. iv. 16.