Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
ix
Générale.


génération, oubliaient de plus en plus ce qui avait fait la forte nourriture de leurs pères. La prière individuelle se substituait à la prière sociale : le chant, qui est l’expression naturelle des vœux et des plaintes même de l’Épouse, était réservé pour les jours solennels. Ce fut une première et triste révolution dans les mœurs chrétiennes.

Mais, du moins, le sol de la Chrétienté était encore couvert d’Églises et de Monastères qui retentissaient le jour et la nuit des accents de la prière sacrée des âges antiques. Tant de mains levées vers le ciel en faisaient descendre la rosée, dissipaient les orages, assuraient la victoire. Ces serviteurs et ces servantes du Seigneur, qui se répondaient ainsi dans la louange éternelle, étaient députés solennellement par les sociétés encore catholiques d’alors, pour acquitter intégralement le tribut d’hommages et de reconnaissance dû à Dieu, à la glorieuse Vierge Marie et aux Saints. Ces vœux et ces prières formaient le bien commun ; chaque fidèle aimait encore à s’y unir, et si quelque douleur, quelque espérance, le conduisait parfois au temple de Dieu, il aimait à y entendre, à quelque heure que ce fût, cette voix infatigable qui montait sans cesse vers le ciel pour le salut de la Chrétienté. Bien plus, le Chrétien fervent s’y unissait en vaquant