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VIII
Préface


ses grandeurs et ses miséricordes, parce qu’elle sait bien que la société de l’Épouse du Christ ne s’enlève point à elle-même. Ne fait-elle pas elle-même partie de cette Église qui est l’Épouse, et Jésus-Christ n’a-t-il pas dit : Mon Père, qu’ils soient un en la manière que nous sommes un[1] ? Et quand plusieurs sont rassemblés en son nom, le même Sauveur ne nous assure-t-il pas qu’il est au milieu d’eux[2] ? L’âme pourra donc converser à l’aise avec son Dieu qui rassure être si près d’elle, et dès lors psalmodier comme David, en présence des Anges, dont la prière éternelle s’unit dans le temps à la prière de l’Église.

Mais trop de siècles déjà se sont écoulés depuis que les peuples, préoccupés d’intérêts terrestres, ont abandonné les saintes Veilles du Seigneur et les Heures mystiques du jour. Quand le rationalisme du xvie siècle s’en vint les décimer au profit de l’erreur, il y avait déjà longtemps qu’ils avaient réduit aux seuls Dimanches et Fêtes les jours où ils continueraient de s’unir extérieurement à la prière de la sainte Église. Le reste de l’année, les pompes de la Liturgie s’accomplissaient sans le concours des peuples qui, de génération en

  1. Joan. xvii. 11.
  2. Matth. xviii. 20.