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sort, là se sont passées des scènes de toute autre nature, révoltantes ? enfin, croirait-on que cela a été, existé une seconde, que ce sont les mêmes habitants que nous voyons venir dans ce lieu lugubre, révéré, où la haine doit rester à la porte ? Je me trompe, non, ce ne sont pas les mêmes ; si c’étaient eux, ils ne pourraient s’en retourner qu’avec le cœur plein d’amertume, d’avoir été les disciples du mal, les apôtres d’une attaque anti-chrétienne. Et pourtant, il n’y a que peu de jours que les rues de cette brillante capitale rougissaient de sang précieux, que le tocsin sonnait, le canon grondait pendant quatre jours et quatre nuits, renversant à chaque coup des hommes égarés ; des Français s’entr’égorgeant au centre de la civilisation ! D’où partent les missionnaires pour éclairer les habitants des régions sauvages, les conseils de sagesse, de philanthropie, de chrétienneté !… Faut-il que l’on soit assez faible pour se laisser entraîner jusqu’à commettre ces atrocités horribles, inouïes, que ma plume refuse à reproduire, à qui l’on a donné des millions de lieues carrées pour s’occuper, se distraire, se promener et s’entretenir ! Infamie de notre époque. Le temps ne vient-il pas assez tôt nous enlever…

Quel mauvais usage nous faisons de ce grand privilège de la parole ! ne devrions-nous pas craindre