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prises avec la misère, cette affreuse et horrible figure, qui poursuit partout celui qui est à plaindre, le suit pas à pas jusqu’à ce que non-seulement elle lui ait enlevé les moyens de se vêtir, mais lui ôte encore l’espérance du plus frugal repas. Heureux sont ceux qui n’ont jamais de démêlé avec cette vilaine, qui fuit le luxe, et que le dîner le moins splendide fait déguerpir.

Non, elle ne se complaît qu’à martyriser, qu’à ravager, qu’à fureter jusque dans les greniers, les mansardes, cherchant s’il n’y a pas quelques nouvelles créatures à dévorer. Espérons néanmoins qu’un jour viendra où les ingénieurs de notre temps découvriront les moyens propres à barrer le passage à sa déplorable influence. J’en connais un qui possède à lui seul une force considérable, au physique souriant, à la voix argentine, lequel, dégagé des étreintes de la cupidité et de celles de l’égoïsme, rendrait des services immenses, je veux dire le superflu, rempli de bonnes intentions, et qui se trouve séquestré par la parcimonie de quelques-uns, compromettant la tranquillité de tous. Je voudrais savoir ce que diraient les habitants du jardin de la France, la Touraine, ceux de Paris et de Rouen, si quelques particuliers s’avisaient de détourner le cours de la Loire et celui de la Seine dans leurs sordides intérêts ? c’est une simple question que je me pose et que je soumets au jugement d’un arbitre consciencieux ; il y a toute probabilité que ces pa-