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parents à la tombe des leurs ; que de fois ai-je partagé ces chagrins ! le souvenir m’inonde encore les yeux !

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Si on doutait de ce que j’avance, que l’on demande si cela est exact à la sœur de M. Cantzeler, ex-consul, qui est venu de bien loin à la tombe de son frère, plusieurs fois ce fut la même scène ; à la famille du comte de Mörner de Stockohlm ; à la princesse Galitzin de Russie, dont le mari lui a été enlevé en 1842 ; à Mme Avrial de Paris, 1848 ; à Mme Lafuente, si la veille de son départ en 1851, elle n’est pas venue avec une autre personne porter des couronnes à son époux, et n’a pas baisé la pierre du caveau provisoire où se trouvaient déposés les restes précieux de son mari ! Tous vous répondront affirmativement. Oui ! nous y avons pleuré… Il faut que l’on soit séparés pour toujours pour se regretter à jamais. À peine sommes-nous hors de vue que notre cœur demande un soulagement qui est celui de verser des pleurs ; n’est-ce pas l’expression lumineuse d’une révélation de l’âme, le doigt de la religion dont Dieu se sert pour nous tracer l’itinéraire de notre salut ? La sensibilité n’est-elle pas inhérente à la civilisation ? quel que soit le culte que l’on professe, y a-t-il des croyants sans croyance ? Sans foi, que deviendrait le cercle qui nous protège contre le barbarisme ? il serait immé-