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la question wagner depuis la guerre

Et Wagner terminait sur cette conclusion rien moins que belliqueuse, mais bien telle qu’on peut l’attendre d’un artiste :

Ainsi donc, célébrons ce grand pionnier, qui fraya la voie à travers les broussailles du paradis régénéré. Mais célébrons-le dignement, — non moins dignement que les victoires de la vaillance allemande, car le bienfaiteur du monde a quand même le pas sur le conquérant[1] !

Dans l’étude Sur la Destination de l’Opéra, il n’y a guère à relever qu’une critique sévère de Gounod, qui a été quelquefois citée ; mais dans Acteurs et Chanteurs, Wagner revient sur un de ses thèmes favoris : l’aptitude des Français à être comédiens, talent qu’il refuse à ses compatriotes :

Chez nous comme chez les Français, dit-il, on joue la comédie, mais avec cette différence que le Français la joue bien et que l’Allemand la joue mal. Pour avoir le plaisir de voir quelqu’un bien jouer la comédie, le Français pardonne tout à ce quelqu’un : de Louis XIV, par exemple, on continue toujours, en France, à faire grand cas, bien qu’on se rende parfaitement compte de tout ce qu’il y a de creux dans le rôle qu’il a joué, et cela tout simplement parce que le fait qu’il a joué ce rôle avec maestria remplit d’un plaisir inépuisable… Nous voudrions bien égaler les Français, chez qui le comédien du Conseil des ministres ou de la loge du portier ne se distingue plus du comédien de la scène[2].

Un autre jour, dans le compte rendu occasionnel d’Une représentation d’opéra à Leipzig, il dira encore :

  1. IX, p. 126.
  2. IX, p. 165.