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la question wagner depuis la guerre

l’Heure espagnole, du délicat compositeur Ravel, l’ont prouvé naguère, à Paris même. Le public soi-disant si intelligent des premières, applaudit de confiance, sans soupçonner l’intention critique qui avait guidé, ici et là, le compositeur, et prit un plaisir extrême à ces modèles de mauvais goût.

Contre qui donc était dirigée cette Capitulation ? — Contre les directeurs des théâtres allemands qui, au lieu de favoriser l’art de chez eux, se ruent à Paris pour arracher des pièces aux auteurs parisiens en vogue.

Et c’est là la capitulation !… Capitulation des théâtres allemands devant nos pièces françaises. Le tout assaisonné de calembours français peu drôles. Il n’y a vraiment pas, là-dedans, de quoi fouetter un hussard de la mort !…

L’argument anti-wagnérien basé sur ce vaudeville bon enfant mais sans gaieté, est donc absolument dépourvu de valeur et nul esprit sérieux ne saurait s’y arrêter.

Nous restons donc en face du seul fait que Richard Wagner fut un musicien de génie, digne péroraison d’un siècle qui avait eu Beethoven pour exorde, et que Tristan, les Maîtres chanteurs et Parsifal sont des chefs-d’œuvre encore inégalés[1].

Il suffit de citer la dernière scène de cette farce pour donner une idée du ton qui y règne et du but que poursuivit Wagner en la composant. Victor Hugo (toujours lui !…) lance à l’Allemagne cette apostrophe qui se trouve être en même temps le couplet des théâtres, à la façon des revues de fin d’année :

  1. Vincent d’indy, conférence publiée dans la Renaissance du 12 juin 1915.