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richard wagner et la france

Dans le tome IX des Gesammelte Schriften, qui débute par la « comédie antique », Wagner a fait précéder celle-ci d’un avant-propos où il s’explique à son sujet.


Dès le début de l’investissement de Paris par les armées allemandes, vers la fin de l’année 1870, dit-il, j’appris que l’esprit des auteurs dramatiques allemands s’exerçait à exploiter pour les scènes populaires les embarras de nos ennemis. Comme les Parisiens s’étaient, avant même le début de la campagne, réjouis par anticipation de notre défaite, prévue avec certitude, je pouvais trouver si peu choquante la chose, que je nourris l’espoir qu’il arriverait bien enfin à quelques bons esprits de se montrer originaux en traitant à la manière populaire des objets de ce genre, alors que jusqu’ici, même dans les couches les plus profondes de notre théâtre populaire, tout demeurait dans de mauvaises imitations des inventions parisiennes.


Wagner écrivit donc en quelques jours sa comédie, puis il lui chercha comme il vient d’être dit, un compositeur, car il la voulait en musique, et en musique « à la Offenbach ». Mais le « grand théâtre berlinois de faubourg » auquel le livret avait été envoyé anonymement, refusa l’ouvrage et le jeune ami de Wagner « se sentit délivré d’une grande frayeur : il m’assura alors qu’il lui eût été impossible de se complaire à arranger la musique à la Offenbach qui était réellement indispensable ».


Si je fais connaître maintenant à mes amis le texte de cette farce, continue Wagner, ce n’est certes pas pour rendre encore par surcroît les Parisiens ridicules. Le seul côté que mette mon sujet en lumière, chez les Français, n’est autre que celui qui nous faisait, nous autres Alle-